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Madame Bovary : une œuvre réaliste ou romantique ?

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(Last Updated On: 15 septembre 2020)

Le roman « Madame Bovary » de Gustave Flaubert a eu une préparution en 1856 dans la Revue de Paris. A sa sortie, il ne fut pas directement un succès. Il a même été attaqué, car il a été jugé par les procureurs du Second Empire comme immorale et obscène. Dès janvier 1857, l’écrivain s’est déjà présenté au tribunal et il a été acquitté en février 1857. C’est à la suite de ceci que le roman fut publié dans un livre chez Michel Lévy frères, plus précisément en avril 1857. L’histoire qu’il y a eu autour de ce roman a contribué en partie à son succès. Sa première édition de 6750 exemplaires a été vendue en deux mois seulement. « Madame Bovary » est souvent présentée comme un roman réaliste, mais certains diront que c’est plus un œuvre romantique. Alors qu’en est-il vraiment ?

Résumé de Madame Bovary

Ce roman parle de l’histoire d’Emma Rouault, qui deviendra plus tard Emma Bovary en épousant Charles Bovary, un médecin de province. La vie qu’a Emma aux côtés de son époux n’est pas si trépidante comme elle rêvait qu’elle finit même jusqu’à sombrir dans la dépression. Dans le bourg où Charles et Emma habitaient, Charles commençait à se faire sa place, mais Emma décide quand même de s’installer à Yonville. Elle y fait alors des connaissances, notamment celles avec le notable de province Monsieur Homais, le curé Bournisnier, le clerc d’un notaire Léon Dupuis, le libertin et propriétaire du château de la Huchette Rodolphe Boulanger.

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Emma Bovary semble avoir repris goût à la vie, mais elle a encore une vie conjugale avec Charles. Elle a même mis au monde une petite fille et elle n’a pas encore été contente, car elle souhaitait un petit garçon. N’aimant plus son mari et n’arrivant pas à chérir sa fille, Emma se laisse emporter par des dépenses luxueuses chez son marchand d’étoffes et par une relation extra-conjugale avec Rodolphe Léon. Elle collectionne les amants, mais ces derniers se lassent très vite des exigences de la jeune femme, car elle recherchait toujours le luxe. Elle n’arrive pas à rembourser ses dettes chez le marchand d’étoffe qu’elle finit par se suicider. Son mari, Charles, meurt par la suite de chagrin.

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Madame Bovary, un œuvre réaliste

Avant même de se fixer si oui ou non, ce roman est réaliste, penchons-nous sur la définition du réalisme. La revue « Le Réalisme » qualifie ce terme comme une reproduction exacte et sincère du milieu social, de l’époque où l’on vit. Elle souligne que le réalisme se conjugue avec la raison, les besoins de l’intelligence et de l’intérêt public et qu’il exclut tout mensonge et tricherie.

Si tel est la définition du réalisme, on peut retrouver ces notes de réalisme dans l’œuvre « Madame Bovary ». On peut par exemple comprendre qu’Emma Rouault ne s’est pas vraiment marié par amour, mais par intérêt. On peut parler de mariage d’affaires qui entre dans le contexte du réalisme. Dans le roman, il n’y a aucun fait qui va dans l’excès. L’auteur a bien eu les pieds sur terre lors de l’écriture. Lors de l’agonie d’Emma ou encore lors de ses désordres financiers, on trouve des détails, mais qui sont bien réalistes et bien réels.

Pour les personnages, Gustave Flaubert affiche aussi ce réalisme. L’aspect extérieur des personnages qu’il décrit correspond parfaitement à leurs caractères et leurs comportements. Charles Bovary, le médecin, reste dans la timidité maladive et l’incompréhension de sa femme jusqu’à la fin. Emma, quant à elle, est toujours très rêveuse et égoïste.

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Des éléments romantiques qui ne passent pas inaperçus

Même Gustave Flaubert, lui-même, s’est convaincu d’offrir un œuvre réaliste, il n’a pas pu résister à son âme romantique. On peut même ressentir qu’il a mis beaucoup de « lui » dans le livre, notamment dans le personnage d’Emma. Comme lui, Emma est une grande passionnée de lecture. Il est également difficile de rater un récit caché de son voyage en Orient dans les rêves de voyage d’Emma. Dans le livre, on a : « … ces sultans à longues pipes, pâmés sous des tonnelles aux bras de bayadères, djiaours, sabres turcs, bonnets grecs… ».

Dans l’extrait, plus précisément dans la partie où elle préparait sa fuite avec Rodolphe, le romantisme ne manque pas.

« … La lune, toute ronde et couleur de pourpre, se levait à ras de terre, au fond de la prairie. … Puis elle parut, élégante de blancheur, dans le ciel vide qu’elle éclairait ; et alors, se ralentissant, elle laissa tomber sur la rivière une grande tache, qui faisait une infinité d’étoiles, et cette lueur d’argent semblait s’y tordre jusqu’au fond à la manière d’un serpent sans tête couvert d’écailles lumineuses. … »

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Un réalisme personnel de Flaubert

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Avec ces notes de romantisme, on ne peut pas dire que « Madame Bovary » est une œuvre totalement réaliste. On peut tout de même affirmer que c’est un réalisme personnel qu’a adopté Flaubert. On retrouve dans ce roman un côté rêveur et un côté réaliste qui va jusque dans les détails. L’auteur n’hésite pas non plus à afficher un point de vue nouveau et original. Il souligne bien par exemple le fait qu’Emma, son personnage principal, n’est pas toujours vue de la même façon. Elle est une petite paysanne qui incarne l’idéal féminin pour Charles, une campagnarde avec laquelle Rodolphe peut faire un jeu de séduction et une femme sensuelle et profiteuse pour Lheureux.

Flaubert a pris conscience qu’il était difficile de rester dans le réalisme intégral dans l’écriture. Il l’affirme d’ailleurs quand il écrit à Huysmans en soulignant que l’art n’est pas la réalité. C’est ce qui le mène à une fin tragique pour ce roman. On a bien une histoire d’un échec dans « Madame Bovary ». L’auteur laisse tout de même une belle leçon : on vit dans un monde où les intérêts priment et où les coupables ne sont pas punis.

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